Biographie |
- LECLEF, Edmond, François, Xavier, Antoine,
Marie, Joseph, chanoine honoraire et protonotai-
re apostolique, né à Anvers le 9 novembre 1899,
décédé à Malines le 21 juillet 1967.
il naquit, aîné de cinq enfants, dans une famil-
le aisée et profondément chrétienne. Son grand-
père paternel, Jules-Xavier-Edmond, était entre-
preneur et son père, Joseph, médecin-légiste. Sa
mère était née Julie Mussche. Après ses huma-
nités au Collège Saint Jean Berchrnans à Anvers,
Edmond Leclef voulut entrer au Séminaire à
Malines. Le trouvant trop jeune pour faire ce
choix définitif, son père l'envoya à Louvain
suivre les cours de la Faculté des Sciences spé-
ciales. Un an plus tard, la vocation sacerdotale
eut le dessus et Edmond Leclef entrait au
Séminaire. il fut ordonné prêtre le 22 octobre
1922. Envoyé à Rome, il y devint docteur en
théologie de l'Institut pontifical «Angelicum».
Après avoir enseigné à partir du 20 septembre
1924 au Petit Séminaire de Malines, il devint le
15 avril 1927 secrétaire particulier du cardinal
Van Roey.
On s'est souvent demandé comment un
homme aussi timide, réservé et taciturne comme
l'était le cardinal Van Roey, ait pu choisir
comme secrétaire particulier un prêtre aussi
disert et extraverti que l'abbé Edmond Leclef.
Ce dernier était un homme ouvert sur le monde
extérieur, accommodant, jovial, diplomatique-
ment amical. il avait du flair. il n'avait pas la
réputation d'être un grand intellectuel mais il
avait le nez fin à propo~ de ce qui se passait
autour de lui. il pressentait les événements et la
manière d'y faire face. En fait, Edmond Leclef
était une des rares personnes -si pas la seule
-qui avait chaque jour les contacts les plus
fréquents et les plus longs avec le cardinal. il
accompagnait son maître dans tous ses déplace-
ments, en Belgique et à r étranger. Selon les
milieux où il se rendait, il était l'agréable et
brillant causeur, le diplomate habile aux belles
manIères, l'Interlocuteur séneux ou le négocIa-
teur avec un mandat strictement limité.
Leclef avait la réputation d'être un agréable
convive qui pour le cardinal, même lors de
visites à la famille de celui-ci, brisait la glace,
entretenait la conversation et pouvait aller jus-
qu'à faire rire tout le monde.
Avant la Deuxième Guerre mondiale, Leclef
avait publié un compte rendu de L'élévation au
cardinalat de S.G. Mgr J.-E. Van Roey, dans
Collectanea Mechliniensia, t. XVI, 1927, p.
663-728 et une étude L'Eglise annule-t-elle les
mariages?, dans Etudes religieuses, t. 374,
Liège-Paris, 1935.
En 1940, il réussit à faire élargir et transférer
dans un couvent belge des religieuses anglaises
qui étaient incarcérées par les Allemands au
Camp de Beverlo. A la fin des hostilités Leclef
publie son seul livre : Le Cardinal Van Roey et
l'occupation allemande en Belgique, Actes et
Documents publiés par le chanoine Leclef,
Bruxelles, 1945. Selon Dantoing, «il est évident
que c'est dans le contexte d'une atmosphère
générale très manichéenne que le livre du cha-
noine Leclef est publié. On comprend donc que
l'éditeur des Actes et Documents du cardinal
Van Roey soit enclin à glisser sur ce qui, à ce
moment, peut être considéré comme plutôt com-
promettant dans le comportement du prélat sous
l'occupation, et va valoriser tous les éléments
qui attestent de son intransigeance ».
L'après-guerre est marquée par la répression
de l'incivisme sous l'occupation. Il ressort des
archives que Leclef est intervenu en faveur de
détenus. On a pu louer son aménité dans l' ac-
cueil qu'il réserva aux familles de personnes
incarcérées; il semble que ces familles espé-
raient plus de lui que du cardinal.
Durant la Question royale, Leclef eut un
contact téléphonique avec le secrétaire du roi
Léopold III et durant la Guerre scolaire, il en eut
un autre avec le ministre socialiste Spinoy, sur
ordre du cardinal.
Après la mort du cardinal Van Roey, le 6 août
1961, Leclef publia deux articles: Evocation,
dans Collectanea Mechliniensia, novembre
1961, p. 567-574 et Jean XXI/l et le cardinal
Van Roey, dans La Revue Belge, août 1965, p.
25-30.
Durant trente-quatre ans, Leclef a servi le car-
dinal Van Roey. Celui-ci lui était reconnaissant
de sa fidélité et de son attachement, sachant par-
fois sourire de certaines façons de faire de son
pétillant secrétaire. Le cardinal le fit nommer
protonotaire apostolique, ce qui est beaucoup
pour un secrétaire privé, et lui laissa en souvenir
son anneau épiscopal.
Polyglotte, Leclef a traduit Tchékov du russe
et Milanesi de l'italien. L'anglais, l'espagnol, le
latin et l'hébreu faisaient partie de sa connais-
sance des langues.
Conservateur, il a été un opposant farouche du
chanoine Jacques Leclercq, un professeur de
l'Université de Louvain.
Souffrant d'une atrophie des muscles, Mgr
Edmond Leclef est mort chez lui à soixante-sept
ans. il fut une présence souriante auprès d'un
cardinal timide et solitaire.
R. Capelle, Dix-huit ans au service du Roi, Bruxelles,
1949. -A. Dantoing, La «çollaboration» du
Cardinal, Bruxelles, 1991. -G. Eyskens, De
Memoires, Tielt, 1993. -J. Kempeneers, Le cardinal
Van Roey en son temps, Gembloux, 1971. -W. S.
Plavsic, Le cardinal Van Roey, Bruxelles, 1974. -L.
Van Roy, Brieven aan een kardinaal, Wielsbeke,
1994. -J. Velaers & H. Van Goethem, Leopold Ill, de
Koning, het Land, de aorlog, Tielt, 1994.
Wladimir S. Plavsic
Nouvelle Biographie Nationale
Extrait du tome 5 - Bruxelles 1999
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